Boiler Room Scam : une forme moderne d’escroquerie aux investissements

Auteur
Cynthia Maistre
Thématique
Cybercriminalité et nouvelle technologie

Ce n’est pas nouveau, l’argent fait tourner le monde. Le désir d’avoir plus, et surtout plus d’argent, pousse l’un et l’autre dans notre société à agir de façon irresponsable. Depuis toujours, les fraudeurs en matière d’investissement ont réussi à dérober l’argent des investisseurs. Nous nous souvenons, par exemple, d’un cas de fraude à l’investissement connu dans le monde entier : l’affaire Madoff aux Etats-Unis. Bernard Madoff, négociant en valeurs mobilières âgé de 70 ans à l’époque, a réussi à détourner environ 50 milliards de dollars de ses clients grâce à un système de « boule de neige » ; une pyramide de Ponzi. Il a promis des rendements élevés et a réussi à persuader d’innombrables personnes d’investir. La place financière suisse n’a pas non plus été épargnée 1https://www.nzz.ch/auch_schweizer_sind_reingefallen-1.1421818?reduced=true . Madoff a été condamné à 150 ans de prison et se trouve actuellement dans une prison fédérale à Bunter, en Caroline du Nord 2https://www.handelszeitung.ch/invest/bernie-madoff-mochte-freiheit-sterben .

Aujourd’hui, les criminels utilisent internet à leurs fins et cela a rendu la fraude aux investissements plus moderne. Dès lors, la poursuite de tels actes par les autorités est plus difficile. La cybercriminalité existe sous plusieurs formes et de nouveaux phénomènes apparaissent chaque jour. Même si la prudence est en augmentation chez les usagers d’Internet, beaucoup tombent encore dans les pièges des criminels.

Les arnaqueurs du Boiler Room Scam (littéralement « l’arnaque chaudière ») également appelés « les petits frères de Madoff », ont trouvé un moyen de détourner l’argent des gens 3https://www.faz.net/aktuell/finanzen/fonds-mehr/anlagebetrueger-madoffs-kleine-brueder-1768929.html . Leur travail consiste à appeler des gens et à les convaincre d’investir dans de supposés titres lucratifs ou dans des crypto-monnaies.  Ils se trouvent souvent dans un centre d’appel situé en Ukraine, en Espagne ou dans d’autres pays.

Les mauvaises conditions des banques, par exemple les taux d’intérêt négatifs ou les rendements moins élevés, poussent les gens à investir leur argent à bon escient au lieu de le stocker sous leur oreiller. Certains pensent même que ces négociants savent mieux faire le travail que les banques. Tout semble merveilleux, les visions sont illimitées pour l’avenir. Malheureusement, une amère désillusion suit rapidement. Non seulement aucun intérêt n’est perçu sur le compte bancaire, mais, dans le pire des cas, les fraudeurs ont dilapidé la totalité des fonds. Pourquoi ? Et bien car il s’agit tout simplement d’une arnaque.

Le fraudeur promet des rendements énormes à sa victime par des prises de contact continues soit par e-mail, par téléphone, ou même via Anydesk4 Logiciel d’accès à distance pour accéder aux ordinateurs domestiques ou professionnels https://anydesk.com/de/features . Le fraudeur transmet régulièrement des documents prouvant les investissements, ainsi la victime peut suivre l’évolution extraordinaire des titres supposément achetés de ses propres yeux.

Au début, les fraudeurs demandent aux victimes d’investir de petites sommes d’argent en tant que « capital de départ ». Peu de temps après, des appels téléphoniques et des courriels plus insistants suivent et recommandent urgemment d’investir davantage. L’occasion est unique : l’investisseur ne doit pas rater cette « chance ». Les victimes de fraude se font raconter des histoires insensées afin d’établir une relation de confiance entre le « conseiller financier » et le « client ».

Cette forme de fraude, plutôt psychologique, peut être apparentée à ce qui est connu sous le nom d’ingénierie sociale. L’ingénierie sociale est une manipulation relationnelle qui vise à induire certains comportements chez les personnes, par exemple pour révéler des informations confidentielles, acheter un produit ou libérer des ressources financières 5Les attaques d’ingénierie sociale profitent de la serviabilité, de la bonne foi ou de l’insécurité des personnes pour accéder à des données confidentielles ou pour inciter les victimes à entreprendre certaines actions :https://www.melani.admin.ch/melani/de/home/themen/socialengineering.html .

L’argent est transféré sur différents comptes bancaires à l’étranger, les titulaires de ces comptes sont généralement des « money mules » 6https://www.cybercrimepolice.ch/de/haeufige-phaenomene/finanzagent/?search_highlighter=money+mules , ce qui signifie que les véritables ayants droit économiques sont difficiles à identifier. Si le client souhaite retirer le capital investi, les « conseillers » sont à ce moment très occupés, donc ne peuvent pas traiter l’affaire en cours et la procédure échoue. Un léger sentiment de méfiance peut surgir pendant ce moment chez le client, mais il a déjà suffisamment investi qu’il ne va pas tout arrêter maintenant.

Malheureusement, il arrive souvent que le client remarque l’escroquerie que lorsqu’il est trop tard. Les pages frauduleuses des plateformes de négociation ne sont soudainement plus disponibles sur internet, le conseiller aurait démissionné ou serait injoignable. Ce type de fraude est généralement perpétré par des bandes organisées au niveau international et opérant depuis l’étranger. Une poursuite pénale peut durer des années et peut même être sans succès, car les traces sur internet sont souvent masquées 7https://www.handelszeitung.ch/unternehmen/boiler-room-internationale-betruegerbande-zerschlagen-575336 .

Selon une publication de la police cantonale bernoise en mai 2019, le nombre de dénonciations reçues est en constante augmentation. A cette date, le montant du dommage financier s’élevait déjà à environ 1,4 million de francs pour 2019 8https://www.police.be.ch/police/fr/index/medien/medien.archiv.meldungNeu.html/police/de/meldungen/police/news/2019/05/20190501_1330_kanton_bern_vorsichtvoranlagebetruegern.html . Les forces de l’ordre essaient de sensibiliser les gens pour les protéger contre ces types de fraudes.

Voilà quelques conseils concernant la prévention des escroqueries au placement :

  • En Suisse, les prestataires fiables de ces plates-formes doivent s’enregistrer auprès de l’Autorité fédérale des marchés financiers (FINMA) 9https://www.finma.ch/fr/documentation/finma-videos/schutz-vor-anlagebetrug/ . Vérifiez-le !
  • Renseignez-vous sur le prestataire de services auprès de votre banque ou sur internet (il existe de nombreuses entrées avertissant de ce type de fraude).
  • Ne versez pas de sommes à des personnes ou des institutions que vous ne connaissez pas.